Revue de presse littéraire de Jean Dubroca

ROBERT AUFAN

« Sud-Ouest » » a évoqué le dernier ouvrage de Robert Aufan qui nous a quittés récemment. Réédité et intitulé « La forêt usagère de La Teste de Buch des origines à nos jours » et publié par les Éditions Les Établissements, David Patsouris écrit à son propos : « Voici une version magnifique de cet ouvrage avec beaucoup d’images. » Très bien illustré, certes, mais aussi d’une richesse historique et géographique qui en font un livre référence. Il commence par l’étude du cadre géographique de ce massif forestier, son original relief et sa végétation exubérante. Puis il développe l’aspect de la « Montagne » à la fin du XXe siècle et ses transformations.

Mais Aufan n’oublie surtout pas le travail séculaire des hommes dans cette forêt. Il décrit donc le gemmage et la production de ses produits résineux, sujet qu’il connaît bien pour avoir longuement étudié les divers types de fours à goudron. Puis il s’intéresse aux aspects les plus originaux de la forêt usagère : l’évolution de son statut et les différentes tentatives des politiques et des administrations pour le modifier et spolier les Boïens. Il évoque toutes les tentatives les plus récentes pour cantonner le massif. Enfin, il consacre le dernier chapitre à la toponymie du site en répertoriant ses lieux-dits.

                                   Voilà un bel ouvrage qui vient couronner tout ce que Robert Aufan a écrit sur la géographie et l’histoire locales à travers, par exemple, ses études sur le relief dunaire ou sur la naissance d’Arcachon, une patiente recherche qui apporta une vision neuve sur le développement de la ville depuis les débuts du XIXe siècle.

ACADÉMICIEN À L’ŒUVRE

« Elle peignait les volets en vert »

Jean-Marie Chabanne. (Librinova éditeur)

C’est un beau roman touchant que ce livre Jean-Marie Chabanne. Une fresque sur la vie d’un couple dont on sait qu’il fut uni « pour le meilleur et pour le pire ».  On le sait, mais, dans les pages de ce roman on le vit d’une manière à la fois simple et dramatique en suivant Michel et Mathilde tout au long de leur union. Elle commence, comme souvent par hasard quand Mathilde peint en vert les volets de sa vieille maison familiale sur les rives de la Leyre. Michel la découvre et ce sera le début d’un amour solide. Tout va bien dans leurs métiers pour l’ingénieur et la professeure des écoles. Ils ont bientôt deux enfants et la vie passe tout au long de laquelle Michel et Mathilde partagent ce bien être avec les autres.

Et puis Mathilde va disparaître. Tout le monde paisible et lumineux qu’ils avaient amoureusement et généreusement construit va s’écrouler. L’auteur nous fait alors pénétrer dans la vie désemparée de Michel et de ses deux enfants. Pourtant il leur faut continuer d’exister. C’est dans un monde complexe que le livre nous entraîne alors, fait de sentiments opposés qui se bousculent, de recherches, d’inquiétude face à des choix difficiles. C’est tout simple mais c’est profondément émouvant car c’est l’errance de tout être qui a vu désormais partis à jamais les jours heureux. Voilà un ouvrage un livre subtil et chaleureux.

LIVRES DU BASSIN

« Villa Verte » par Jacques Quénot »

(HTBA éditeur)

Il s’agit là du premier livre qui ouvre une collection que l’association Histoire et tradition du Bassin entend bien développer. C’est parce qu’il habite la résidence arcachonnaise « Eugénie » située à l’emplacement, face site d’Eyrac, d’une villa rasée en 1961 et qui fut construite en 1857 que Jacques Quénot, passionné de généalogie, s’est intéressé à ceux qui, alors, la firent bâtir. Et l’histoire de cette famille n’est pas banale. « La Dépêche », qui souligne l’intérêt de cette recherche rappelle qu’elle a commencé avec l’identification des premiers propriétaires du lieu : Pierre Dessans, boulanger et son épouse, Marie-Louise. Mais le plus étonnant de l’histoire va commencer avec François-Hubert Debrousse, marié avec Catherine, la fille aînée du boulanger.

Ils ont une fille, Marie Catherine. L’époux, surnommé « le tailleur de pierres », est en fait ingénieur et chef d’entreprise. Mais Catherine meurt très jeune, François Hubert épouse alors sa jeune belle-sœur Marie-Félicie. Lorsqu’il meurt, il laisse une fortune considérable que sa veuve et Marie Catherine légueront à diverses œuvres destinées « à soulager les pauvres ». L’assistance publique de Paris, l’hospice Debrousse de Lyon ainsi que l’hôpital Saint-Georges de La Teste et l’orphelinat Dessans d’Arcachon bénéficieront de cette générosité. Voilà une étude qui lève un voile sur un aspect méconnu de l’histoire locale et qui se lit comme une passionnante saga romanesque.

 Sherlock Holmes et les disparus d’Arcachon 

Alain et Jean-Paul Bouchon. (Geste Édition)

Voilà deux auteurs qui, à travers leurs métiers respectifs, connaissent bien tous les replis des pensées humaines. En effet, Jean-Paul Bouchon fut avocat près la Cour d’appel de Poitiers et Alain travailla dans le service contentieux d’une grande mutuelle niortaise. C’est sans doute ce qui les a inspirés pour écrire six romans à suspense. Et voici leur dernier né que présente « La Dépêche du Bassin ». Visiblement, les deux auteurs se sont amusés à amener leurs lecteurs dans la quintessence du genre polar. Qu’on en juge.

Été 1913. Dans ces derniers mois de paix, Arcachon est le rendez-vous de tout ce qui compte. Pas étonnant qu’on y rencontre Arsène Lupin en charmante compagnie. Mais aussi Sherlock Holmes en personne, flanqué, comme il se doit, du docteur Watson. En fait, les uns et les autres ne sont pas en villégiature. Ils sont à la recherche de Modeste Radegonde qui a disparu durant ses vacances arcachonnaises, comme beaucoup d’autres touristes. Et voilà les limiers lancés sur les pistes les plus diverses qui se révèlent toutes des impasses. Et puis un jour, ils découvriront un curieux centre médical voué au raffermissent des libidos… Que se cache-t-il donc derrière les murs de cet élégant pavillon ?

L’histoire du port de La Teste et du quartier du Canalot » par Yvon Corcia

Illustrations de Joël Confoulan

« Voici, écrit La Dépêche, un ouvrage original ». Et le journal d’expliquer pourquoi. D’abord, parce qu’il s’agit d’une B.D très particulière, issue d’un travail de trois associations : l’AVDO, le Conservatoire Patrimonial du Bassin et HTBA. Il en résulte, dit encore le journal, « un livre, qui, par son format, ses nombreuses illustrations, ses photos, et ses cartes est beaucoup plus digeste qu’un ouvrage historique classique ». Mais qui n’en est pas moins fort solide puisqu’ il résulte, souligne La Dépêche « de l’étude de nombreuses sources et d’un travail méticuleux de recherche dans les archives locales et départementales. » Le lecteur naviguera donc depuis le tout premier port plus que moyenâgeux et dit du Caillaou jusqu’aux installations actuelles, développées depuis 1841 et qui ont donné lieu à bien des transformations et à bien de projets qui, jusqu’à la fin du siècle dernier, entraînèrent bien des polémiques. Enfin l’ouvrage fait le point sur l’histoire judiciaire compliquée mais passionnante de la zone du canalot.

ÉCRIVAINES DU BASSIN

Cristal Noir. Crime à Bordeaux

Jeanne Faivre d’Arcier (Geste Édition)

Jeanne Faivre d’Arcier vit au Cap-Ferret et ses nombreux et variés ouvrages sont souvent inspirés par le Bassin ou par notre région. La preuve : son dernier roman commence à Bordeaux. Elle y aborde le thème de l’homosexualité masculine « avec empathie et humanité », écrit La Dépêche. Cela, à travers une enquête policière menée par deux policiers peu ordinaires. En tête, la capitaine Sidonie Sallenave, très bohème et affublée de trois moutards diaboliques. Son adjoint, c’est le brillant lieutenant Belloc, secrètement gay. Les voilà à la recherche de Gabriel, disparu comme d’autres homosexuels trentenaires sur lesquels s’acharne un assassin qu’ils ont baptisé « Vespa velutina », le redoutable frelon asiatique.

Les voilà lancés sur diverses pistes qui les conduiront loin de Bordeaux et qui les mèneront à explorer le passé. Une aventure durant laquelle ils croiseront Camille, lui aussi à la recherche de Gabriel. Et Camille a pour compagnon Cristal Noir, un schnauzer géant. On lira donc un roman comme toujours chez Jeanne Faivre d’Arcier bien écrit, où les diverses atmosphères sont envoutantes, où l’originale intrigue ne manque pas de surprises et où les personnages sont décrits avec subtilité et humour.

« Les Amants du banc d’Arguin »

Jocelyne Lynam Autoédition

« La Dépêche du Bassin » rappelle que, s’il s’agit du quatrième ouvrage de cette autrice gujanaise, c’est bien là son tout premier roman. Il a pour cadre tous ces lieux qui font le charme de notre Bassin : la ville d’hiver, les forêts de pins, la dune du Pilat et le banc d’Arguin. Dans son roman, écrit La Dépêche, « elle raconte la relation amoureuse et tumultueuse d’une infirmière et d’un homme d’une grande famille d’ici ». Il s’agit d’un récit que son autrice résume ainsi : « Le meilleur fut éphémère et ils avaient toute la vie pour apprivoiser le pire ».