Prix littéraire, mention bandes dessinées et biographie
De la saga « Les Bouscatière » qu’Agnès Claverie a publié en deux volumes de 500 pages chacun l’Académie du Bassin d’Arcachon a retenu essentiellement le second. Le travail de recherche historique est considérable. Ce n’est pourtant pas un ouvrage historique. C’est un roman, un subtil mélange de déroulé historique et de comportement social. C’est ainsi que le mariage et le suicide d’Hélène, jeune orpheline que sa mère pousse à un mariage désastreux est l’occasion de parler des mariages fin de siècle (le XXème, siècle où commence le récit du second tome), le couronnement de la Vierge, celle de bien marquer l’opposition du monde local et des personnes en villégiature, le casino de la plage : le banquet républicain pour lequel Deganne a invité Thiers… Rien n’est oublié dans l’histoire, tout lui est accordé dans le roman. Habitants et « visiteurs » aimeront ce livre.
Myriam Crenesse a écrit sa biographie sous le titre « Mémoires d’une optimiste », rétrospective de la vie d’une femme de quatre-vingt quinze années qui a traversé un siècle de changements considérables. Madame Crenesse est issue de familles qui ont « fait » le second empire (et Arcachon où elle a vécu) : Pereire, Goudchaux… Tout, dans ce livre, témoigne de changements, évoque des déceptions (deux projets de mariage ratés parce que d’origine juive, même si elle est catholique). Elle a connu les études de la fille sacrifiée à celles du garçon, le poids des parents sur ses choix, ce dont elle a su se dégager, sur fond d’anti-sémitisme latent. Après la guerre, elle se joue des difficultés et des responsabilités dans des organismes qu’on a longtemps pensé réserver aux hommes. Elle affirme ses choix, dont celui de son mari qu’elle épouse alors qu’il est malade, multiplie dans tous les milieux des relations qui l’ont entraînée dans ses engagements. Et puis, ce que nous trouvons à la fin du livre mais qui est latent depuis le grand père converti sans en avoir parlé à sa famille : la recherche permanente et passionnée des voies spirituelles.
Une coupe profonde dans la société sur un siècle d’analyse dans et hors d’Arcachon.
« Marée haute, marée basse » de Max Ducos n’est pas une bande dessinée mais une illustration : les bandes dessinées partent d’un personnage, pas d’un texte, mais les éditeurs ne font pas la différence. Le texte se suit le long de la journée sur les pages paires en dix-huit séquences très courtes typographiées sur un rythme moderne en poèmes libres charmants, criants de vérité. L’auteur les a accompagnés de peintures sur la page impaire tout aussi minutieusement chronométrées. Cet ouvrage complet (texte et images) est encore de conception rare en édition. La couverture, cartonnée, découpée sur fond de Bassin est une réussite, même si les doigts s’y prennent à la lecture.
Les prix de l’Académie ont été remis à la librairie de la Presse, au Cap Ferret. Le 24 août 2023.
Denis Blanchard Dignac, président de l’Académie du Bassin d’Arcachon pendant la cérémonie